Nichée au coeur d’une lagune de la réserve de Conkouati, en République du Congo, l’association HELP se bat pour les chimpanzés depuis 1990. Aliette Jamart n’a jamais lâché la moindre concession dans sa quête. Son caractère en acier trempé ne lui a pas apporté que des amis au Congo, mais elle a su imposer sa vision.

 

Avec une vocation écologiste large, le coeur de l’action d’Help est de rendre aux grands primates capturés la liberté qu’ils méritent.  Maman Jamart fait partie des pionnières avec Jane Goodall et Diane Fossey (« Gorilles dans la brume »), et ses tentatives de remise en liberté de Chimpanzés ont nourri la littérature scientifique sur le sujet. Aujourd’hui avec ses trois îles, le sanctuaire permet de donner une semi-liberté aux singes trop apprivoisés pour retrouver une autonomie complète. Ces singes là sont nourris 2 fois par jours. Deux autres sites, le triangle et le bivouac, accessibles uniquement par bateau, permettent de suivre les chimpanzés qui ont pu se réadapter à leur milieu d’origine.
Si Maman Jamart continue d’être très investie, son âge ne lui permet plus de passer son temps au sanctuaire. Elle confie alors la gestion de l’ensemble des bases à des volontaires souvent Français ainsi qu’à des congolais. Charlotte Avril a partagé sa vie entre le chant et les animaux. Elle fut cheffe de camp de novembre 2015 à avril 2016. De nombreux volontaires y passent plusieurs mois voir années, du simple étudiant, au vétérinaire expérimenté.
C’est au coeur de cette réserve, à 5 heures de piste de Pointe Noire, que j’ai passé un noël extra – ordinaire en 2015.



Chaque matin, le rituel est le même : café, puis sélection et nettoyage des fruits et les légumes qui seront donnés aux chimpanzés. La quantité de nourriture est impressionnante, un 4×4 complet ravitaille chaque semaine la base.





Les chimpanzés ont une force colossale et il faut toujours rester en retrait des groupes. Par colère ou simplement par jeu, attraper le bras du plus lourd d’entre nous et le hisser au sommet d’un arbre serait pour eux un jeu d’enfant. Nombreux sont ceux qui ont payé cher leur imprudence.




L’ancien mâle dominant a conservé sa position durant de nombreuses années au sein du groupe et ce, malgré sa jambe en moins. Aujourd’hui, il observe son remplaçant et le reste du groupe avec un peu de recul, mais son regard ne trompe pas, c’est un chef.




Nettoyage des équipements et médication ponctuent la journée aux heures les plus chaudes.



Parfois l’après midi permet une longue tournée de 5 heures pour aller rendre visite aux deux autres sites, le bivouac et le triangle, où des équipes restent en autonomie en permanence.


Lucie, vétérinaire, mène la barque au triangle. Elle a passé de nombreuses périodes de plusieurs mois quasiment en isolement complet sur cette base reculée. Sa mission : s’assurer, par un suivi quotidien et avec l’aide d’une équipe de travailleurs locaux très investis, que les chimpanzés relâchés s’adaptent à leur nouvelle vie sans se mettre en danger. Comment? Simplement en marchant jusqu’à 8h par jour, chaque jour, dans la foret tropicale à l’affût de ses protégés.






Malgré leur force non controlée, certains moments privilégiés existent. On peut alors s’épouiller mutuellement (grooming), se sentir ou encore se câliner tranquillement.






La vie passe au rythme du soleil. Le soir,  le calme regagne la base, parfois interrompu par le cri d’un chimpanzé ou par une attaque de fourmis magnan. A 22h le petit groupe électrogène s’éteint, et les faisceaux des torches précèdent les volontaires sur le chemin de leur bungalows.